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Mnémia
une tragédie
pour
Odyssées HéroïquesAmnisos est un petit port fondé dans une vallée
et sur des ruines, non loin de Cnossos, sur l’île de Crète. Les
Héros sont présents dans ce
damos (village) pour participer
à une grande fête printanière locale, les Amalthées, qui célèbre
la chèvre crétoise sous ses formes les plus fromagères. Étant du
cru, ils connaissent bien coutumes et personnalités. La vie est très
simple sur cette plage en face de l’île sacrée de Dia et
largement dominée par le bienveillant mont Ida. C’est le joli mois
de mai, et les fleurs volent au vent. Les monts s’étirent
doucement vers le centre de l’île, irrigués par les rivières,
les lacs et les tourbières. Dans ce paysage champêtre et bucolique,
les bergers font paître leur bétail sur les chaumes, dans la
montagne, tandis que les esclaves, les
doeros,
travaillent paisiblement aux champs.
Heureuse surprise, cette année encore l’herbe
est verdoyante. Comme la saison passée, chèvres et vaches ont
produit pendant l’hiver un laitage succulent, permettant aux petits
villages des environs de livrer à la fête leurs spécialités
laitières, promettant une soirée mémorable… en dépit de l’odeur
qui règne en conséquence en ce jour de gaieté.
La région portuaire d’Amnisos est organisée en
habitations dispersées, imposantes fermes carrées en partie
enterrées, qui regroupent sous le même toit hommes, animaux et
récoltes. Elles sont bien solides malgré leur aspect aérien, dû à
leurs fenêtres grandes ouvertes aux vents marins, et l’on
distingue d’abondantes fumées qui sortent de leur curieux ventre
rond : les fours à pain s’activent, les façades bardées de
planchettes de bois écaillées sont décorées, et le foin remisé
dans les greniers ne sert pas seulement de chauffage… Quelques
jeunes gens s’amusent à y jouer à cache-cache ou à y conter
fleurette !
Le centre du village où se trouve l’activité
économique a été rebâti sur de vieilles ruines de bains minoens,
ce qui témoigne d’un héritage ancien et vénérable. Déjà, les
cruches d’eau-de-vie, de lait et de vin s’entrechoquent
joyeusement sur cette
agora. La journée se passe dans une
douce quiétude, la population et les
heqetai (nobles) locaux
convergent vers la place du marché où se tient une petite foire,
tous visiblement attirés par l’étal d’un sculpteur d’ivoire,
alors que les plus âgés jouent à un jeu de plateau, le
zatrikio,
poussant de petits morceaux de cristal ou de faïence sur des motifs
géométriques et taurins.
Mais, ce que les personnages ne savent pas, c’est
que le
telestas (roitelet) d’Amnisos, Éruthros, eut un
songe envoyé par les dieux, il y a près de cinq saisons. Ceux-ci
ont annoncé qu’il mourrait de faim dans l’année caniculaire à
venir. Afin de conjurer le mauvais sort et d’assurer la prospérité
de la région, le telestas a passé (il y a deux saisons, au mois de
boedromion) un marché avec Mnémia, une naïade, fille du
dieu Kairatos, vivant dans la rivière Amnisos qui coule non loin et
dont les eaux se jettent dans le port éponyme. Mnémia a accepté ce
marché, mais a demandé en échange qu'il lui donne un enfant. Les
dieux, ne pouvant accepter d’être défiés de la sorte, changèrent
leur plan. Ils laissèrent Mnémia favoriser les récoltes pendant
des mois, en se livrant à de discrets rituels, jusqu'à ce que
l’enfant fût mis au monde, mais il fut mort-né, et cela quelques
jours avant le mois d'
elaphebolion, date d'une fête tenue en
l'honneur d'Artémis : la fête de la chèvre à laquelle participent
les personnages !
Désespérée, Mnémia conclut qu’Éruthros
l’avait trompée et en appela aux déesses. Celles-ci ne
répondirent pas. Elle se tourna alors vers Ilithye (une épiclèse,
un aspect d’Artémis), qui lui conseilla de s’en remettre aux
mortels. Mnémia décida donc de se faire justice elle-même ;
elle alla de ce pas voir Éruthros et lui fit partager son malheur en
se vengeant dans la plus pure tradition mycénienne : mauvais
œil pour mauvais œil.
Éruthros aux doux lys rouges est un bon telestas
achéen qui s’est rapidement fait à la vie crétoise depuis la
mort de son épouse. Il raconte que sa généalogie (fils d’Ancée,
mort à Calydon, petit-fils de Lycurgue, le roi à la double hache,
arrière-petit-fils d’Alëus, descendant d’Arcas, lui-même fils
de Zeus et de Callisto) remonte aux premiers rois d’Arcadie, via le
héros Arcas lui-même ! Ses pères ont participé à la
conquête de la Crète, et il s’y est imposé comme un véritable
bâtisseur, conciliant le savoir-faire militaire de Mycènes et
l’esprit culturel raffiné des insulaires. Il a participé
activement à la reconstruction d’Amnisos, choisissant malgré les
forts courants d’en faire un véritable port proche de Cnossos,
d’abord militaire, puis de commerce, dynamisant du coup l’économie
de la région. Telestas assujetti au Minos de Cnossos, on le dit
strict mais juste avec le peuple. Il obtient souvent l’appui de ses
heqetai dans ses choix et décisions.
Or, depuis quatre ou cinq saisons, il semble
inquiet, visiblement plus soucieux pour son propre avenir que pour
ses sujets crétois. Il a été très malade pendant quelque temps,
et son état s’est subitement amélioré, surtout depuis moins de
quatre saisons. Depuis, il n’est plus tout à fait le même :
la sage austérité du guerrier a laissé la place à des
préoccupations plus futiles. On le raconte d’ailleurs coureur de
jupons (plutôt les filles que de jeunes éphèbes). Cela est lié à
sa discrète et hasardeuse rencontre avec Mnémia aux abords de
l’Amnisos où ses chiens assoiffés se sont abreuvés lors d’une
partie de chasse conduite par son berger Ékhinos et son veneur
Périaster. Comme Mnémia lui a assuré un avenir moins sombre, il
est détendu, souriant, courtois. Aujourd'hui, on le surnomme « le
Rouge » en raison de son bon teint retrouvé et des colonnes de
son palais qu’il vient de faire redécorer de pourpre que l’on
dit provenir de Phénicie, témoignage de grandes richesses et d’un
récent succès commercial.
La fête de la chèvreDe grandes tables de banquet ont été dressées,
des mâts fleuris ont été levés, et des musiciens jouent de la
flûte. Certes, la nourriture est simple, mais abondante : on a
même sorti des mets rares, comme des cochons rôtis à la confiture
de figues pour les plus riches, poissons fumés et séchés pour les
plus indigents. Chacun a apporté sa nourriture avec générosité,
sous le regard bienveillant des prêtresses de Rhéa qui y vont de
leur bénédiction et parent les chèvres présentes de grands
honneurs – ce qui pourra passer pour des rites quelque peu
archaïques pour un citadin.
Des enfants jouent avec des chèvres de paille
gonflées de friandises que l’on peut voir suspendues un peu
partout : aux portes des maisons, sur des mâts, aux oliviers…
tandis que les festivités sont présidées par le telestas Éruthros.
Après une danse rituelle honorant Zeus entouré de déesses, de
jeunes hommes fardés (symbolisant Zeus) s'alignent en rang face à
leurs compagnes de danse (les déesses), qui, poitrine dénudée,
lèvent les bras au ciel en faisant virevolter leurs robes de lin
colorées. À ce moment, Éruthros ouvre les festivités à grands
versements de libations laiteuses, remerciant les participants et
faisant honneur aux dieux devant les portes de son « palais aux
lys », un bâtiment rebâti sur des ruines et constitué de
deux étages aux murs couverts de magnifiques peintures d’inspiration
égyptienne. Les fresques représentent des fleurs rouges et
blanches, animaux, lacs, collines et jardins sacrés et ornés de
superbes trophées de chasse : Éruthros est un grand chasseur.
On pourra remarquer que les cornes ont systématiquement été
retirées des trophées (en effet, elles ont été conservées pour
être données en offrandes à Amalthée ce jour même), mais on
notera que le telestas a commencé à les remplacer par de luxueux
modèles ciselés en airain, en or ou en ivoire.
Quelques jeunes Crétois participent à des jeux
de printemps qui symbolisent dans un jeu théâtral certains épisodes
de l’enfance de Zeus :
- Concours
agricole : Les participants doivent vanter les qualités de
leur produit phare (mouton, chèvre, taureau, lait, vin, miel,
huile…) devant l’assemblée des heqetai, le plus prisé étant
évidemment celui de la chèvre. Le vainqueur trait et sacrifie
traditionnellement son lait aux dieux, symbolisant ainsi le mythe de
Zeus enfant nourri par la chèvre nourricière Amalthée. Le
vainqueur ne devra pas oublier de rendre grâce aux dieux pour sa
victoire en leur consacrant une cruche de lait de chèvre, sous
peine de subir une Intervention divine défavorable Commune de
Zeus ;
- Jeux
sportifs (lutte, natation, haltérophilie…) : Où
des prix sont remis en fonction des acclamations de la foule.
Celle-ci doit faire le plus de bruit possible pour rappeler à la
mémoire les Dactyles cachant les cris de Zeus enfant sous le fracas
de leurs armes. En termes de jeu, le but étant de réussir
l’exploit le plus spectaculaire possible, on se fixe librement des
difficultés extravagantes ;
- Tauromachie :
Pour signifier l’entrée de Zeus dans l’adolescence,
tauromachie frivole et danses acrobatiques avec des animaux pour les
plus athlétiques (jets Héroïques, mais on peut compliquer
délibérément pour le spectacle), les plus jeunes s’exerçant à
une attraction plus simple. Elle consiste à attraper une chèvre
enduite de graisse, ce qui ne manque pas de plonger les candidats
dans la saleté et les spectateurs dans l’hilarité. En termes de
jeu, il s’agit de jets Communspour rattraper l’animal
paniqué par le vacarme de la foule et des musiciens, puis Héroïques
pour le saisir et le tenir suffisamment longtemps.
Évidemment, cette fête est l’occasion de
retrouver de vieilles inimitiés, d’écouter les contes des
vieillards et des prêtresses de Rhéa, de voir les enfants jouer et
les adolescents parader. Elle pourrait choquer les Grecs du continent
car les mœurs crétoises, plus ouvertes, mélangent plus aisément
populations masculine et féminine. Mais, que voulez-vous !
c’est aussi l’occasion de s’encanailler !
Par ailleurs, les personnages pourront peut-être
remarquer la nervosité mal dissimulée des prêtresses de Rhéa (jet
Commun), officiellement en raison de l’importance de la fête pour
les saisons agricoles à venir. Elles pourront officieusement faire
part de signes célestes étranges : des pluies d’étoiles
filantes ont traversé la constellation du Bouvier cet hiver. Un
expert en astronomie ou en divination (jet Héroïque) pourra en
déduire plusieurs choses : le phénomène est rare mais naturel
pour la saison. Ce qui l'est moins, c'est la luminosité de la
brillante étoile jaune Arcturus, voilée de nuages aériens, qui
s’est levée dans la constellation en question, veillant à son
habitude sur Callisto (la Grande Ourse) et son fils Arcas (la Petite
Ourse) – signe qu'Artémis elle-même, la déesse aux bêtes
sauvages, surveille de près les festivités. D'autre part, même si
l’air est chaud et sec, il ne sera peut-être pas facile d’observer
les étoiles cette nuit, car ce voile poussé par l’air marin va
apporter prochainement un violent orage.
La nuit gagne peu à peu l’île ; la fête
bat son plein, et les flûtes font résonner la place de leurs aigres
mélodies. Plus la nuit avance, plus les feux brûlent fort, plus
l’odeur de fromage augmente, et plus les jeunes gens sont jolis. La
foule acclame de nouveau le vainqueur du concours du plus bel animal,
et la chèvre gagnante est maintenant préparée pour le sacrifice,
parée de tout un harnachement de guirlandes de fleurs et de fruits.
Sorcellerie !Soudain, alors que l’air est calme et que la
chaleur monte, les feux s’agitent, l’odeur de fromage est chassée
par celle de la mer, et le tonnerre gronde… Un personnage
perspicace (jet Héroïque) pourra remarquer d'autres signes
étranges : les abeilles sont agitées et plus agressives, le
lait des cruches commence à tourner, et le vin rougit… Puis des
vents violents s’abattent sur la fête. Les chiens aboient, les
bêtes s’affolent, certaines s’échappent de leur enclos, les
mâts fleuris de guirlandes s’abattent sur des innocents, une
averse ruine les festivités. Beaucoup tentent de s’abriter sous
les tentes et les colonnades, dont Éruthros qui part en direction du
megaron (palais). La pluie tombe dru, estompant les bruits et
la visibilité, allant même jusqu’à éteindre les feux, ce qui
provoque d'épaisses et abondantes fumées, l'odeur de bois mouillé
et brûlé se mêlant à celle du fromage.
Soudain, éclairée par intermittence par les
éclairs, paraît une silhouette sombre pointant la main vers
Éruthros. « Fils d’Ancée, je suis venue cueillir mon dû et
te présenter le fruit de ma colère. Tu n’as su calmer ni ma faim
ni ma soif, pourtant tu t’y étais engagé. » Éruthros est
blême puis lui coupe la parole, reprenant un peu de contenance. Il
hurle, rouge de colère : « Chassez cette étrangère,
elle n’a rien à faire ici ! Tu n’es pas invitée et
souilles mon hospitalité ! Tu perturbes nos festivités, et ta
présence impure attire les foudres de nos dieux ! Sorcière,
c’est Tantale que tu éveilles en foulant de tes pas impurs notre
Mère bien aimée ! » Mnémia, car c’est elle, répond
en chevrotant, les yeux pleins de larmes : « Que
connais-tu de la pureté, toi à qui cette terre est étrangère ?
Que connais-tu de notre mère Kourotrophos, toi, telestas qui
souilles mon père de tes chiens ? Invoque donc Tantale en vain,
toi dont les pères abandonnent leurs filles ! » Outré,
manquant à moitié de s’étrangler, Éruthros se lève, la pointe
du doigt et hurle jusqu’à s’épuiser : « Sauvageonne,
tu n’es pas la bienvenue puisque tu lances tes injures comme des
flèches en ma demeure, en ce jour important pour mon damos et nos
dieux...
(Sonné et déboussolé, il se tourne par hasard
vers les personnages.) Keladeine ! Keladeine[sonnez la chasse] ! Chassez-la, chassez-la… à jamais ! »
Pendant l’échange, des cris percent le vacarme,
car, sous le regard stupéfait de l’assemblée, les yeux de la
chèvre prête au sacrifice et d’une dizaine d'autres chèvres se
sont animés d'une lueur jaune malsaine. Leur jeune gardien, Ékhinos,
est resté stupéfié de voir ces monstres se jeter sur lui et dans
la foule, cherchant à tuer les paysans terrorisés. Profitant de la
cohue, la silhouette disparaît, tandis qu’Éruthros s’évanouit
dans une crise d’hystérie. Les trois prêtresses de Rhéa
présentes dans la foule tentent de s’interposer, malheureusement
sans succès, entre les bêtes et les hommes. Les chèvres ne
supportent pas la musique structurée et fonceront en priorité vers
les musiciens (il y a un orchestre dans la foule). Le meilleur moyen
de s’en débarrasser consiste à les conduire hors du damos, vers
une falaise (par exemple aux sons dissonants d’une flûte – il
s’agit de jouer non pas bien mais fort !) et à les faire se
jeter dans le vide. Ces animaux paniqués par sorcellerie sont
considérés comme Mythiques !
Plus les personnages agiront rapidement, plus il y
aura de survivants, et moins il y aura de dégâts liés à la
panique. Après le combat, ils pourront aider les rescapés, les
soigner physiquement et psychologiquement. Les heqetai demanderont
qu’on retrouve l'inconnue et qu’on l’abatte afin de faire payer
à sa famille ses crimes, son impiété, et surtout les morts
éventuels. Personne n'osera cependant quitter le village. Une
tension persistante sera perceptible à travers les remontrances
faites par quelques jeunes filles à leurs pères, les uns cherchant
à leur faire regagner leur domicile illico, les autres constatant
avec désarroi l’impuissance des hommes face aux malheurs, tout le
monde parlant à demi-mot de cette sorcière que l’on dit étudier
dans les montagnes les mystérieux charmes disparus des femmes
dactyles ! Cette même tension attirera la suspicion sur les
étrangers éventuellement présents dans le village. Ils devront
montrer patte blanche, se proposer pour retrouver Mnémia ou trouver
un autre bouc émissaire s'ils ne souhaitent pas faire les frais de
la colère des habitants.
Un peu d’enquêteParmi les blessés, l’un des personnages
remarque (jet Commun) qu’une jeune et charmante femme s’est
écartée, à demi cachée dans les meules de foin achevées le jour
même. Elle semble pleurer discrètement, le cœur gonflé de larmes.
Questionnée, elle informera les personnages qu’elle se prénomme
Êéos et que son frère, Ékhinos, le gardien de chèvres, a
disparu, ainsi que son doux ami Périaster, le veneur du telestas.
Leurs corps resteront introuvables : ceux-ci ont courageusement
décidé de jouer les héros et de mettre la main sur la fauteuse de
troubles avant tout le monde.
En discutant davantage avec Êéos, les
personnages apprendront qu’elle sait que les deux compères ont
déjà eu affaire à la sorcière autrefois. C’était il y a un peu
plus de cinq saisons. À l’époque, Périaster lui avait raconté
très exactement la nature des actes impies de Mnémia, et elle n’en
a jamais parlé à personne car, de par la nature même du récit,
personne ne l’aurait crue. Périaster et Ékhinos ont rencontré la
sorcière lors d'une chasse (elle ne précisera qu'il s'agit d'une
chasse royale qu'à la demande insistante des personnages), quand ils
sont allés jusqu’à franchir le cours de la rivière Amnisos, en
un lieu sacré, demeure du dieu Kairatos, prenant le risque de
provoquer sa colère ou celle de ses filles, les Amnisiades, Naïades
compagnes d’Artémis chargées de prendre soin du cerf aux cornes
d’or de la déesse pendant son bain. Mais ils ne l’ont jamais
revue dans les parages, seulement des traces de sabots des chèvres
qu'elle doit probablement garder. On dit aussi que la sorcière
officie près d’une caverne sacrée où seules les femmes honorant
les déesses (telles que Rhéa, Artémis ou Ilithye)peuvent
aller.
La même sorcière est venue au damos à la fin de
l’été dernier (en boedromion), discrètement et de nuit. Elle
sortait du palais lorsque Êéos l’a aperçue. Êéos avait eu très
peur et s’était enfuie. Elle ne l’a pas suivie et n’a rien
dit, de peur d’être la risée de tout le damos. En effet, Êéos
rendait visite ce soir-là à Périaster, lui-même serviteur au
palais, où il gardait les chèvres royales sous les habits
d'Ékhinos, le frère d’Êéos, qui jouait discrètement le
bienveillant entremetteur. Autant dire que les allées et venues de
cette soirée ont attiré la curiosité et que les rumeurs
(probablement alimentées par Éruthros pour cacher sa relation avec
Mnémia) courent désormais sur le frère et la sœur, les suspectant
de mœurs outrageantes. D'ailleurs, le conciliabule tenu avec Êéos
finira par mettre la puce à l'oreille aux heqetai, qui se mettront à
l'accuser d'avoir attiré la colère des dieux en péchant avec son
propre frère. Êéos devra être mise à l'abri dans le village
(elle refuse de le quitter). La placer sous la protection des
prêtresses de Rhéa est une issue possible. Une bonne façon de
laver l'honneur d'Êéos serait de retrouver Périaster afin qu'il
témoigne en sa faveur dès son retour.
Questionnées à leur tour, les prêtresses de
Rhéa survivantes expliquent, selon les mythes locaux, que les blancs
monts de Crète sont sacrés, que ces lieux permettent aux femmes de
donner la vie, que l’on peut y rencontrer Zeus lui-même, qu’il y
est né caché de l’appétit de son père et qu’il y meurt à la
fin de chaque année. Elles pourront ajouter que l’endroit a été
habité par des créatures divines et protectrices, les Dactyles, qui
étaient des forgerons. Pour certains, ils étaient au nombre de dix,
ce qui expliquerait le nom qu'ils portent et qui signifie « doigts
». Pour d'autres, ils comprenaient six mâles gigantesques et leurs
cinq sœurs. Selon d'autres sources, les Dactyles étaient au nombre
de cent, ou bien encore ils étaient trente-deux qui exerçaient des
charmes magiques et vingt autres qui les détruisaient. Ils ont
enseigné aux Crétois l'usage du cuivre et du fer, à leurs femmes
les mystères de la Grande Mère, Rhéa. La tradition de ces jeux de
mai, dont la célébration d’Amalthée, aurait été enseignée à
l’une d’entre elles il y a fort longtemps (tout cela peut être
confirmé par un jet Commun). D’après les prêtresses, qui
connaissent son nom, Mnémia est probablement une fille de Kairatos,
une Amnisiade. Il n’est donc pas convenable de l’appeler
sorcière, même s’il se peut également qu’elle soit une enfant
du peuple dactyle !
Elles ajoutent que la caverne décrite par Êéos
est l’antre d’où jaillit Kairatos, le dieu de la rivière
Amnisos. C’est assez loin dans la vallée, dans les montagnes
derrière les collines boisées. Elle est consacrée à Ilithye,
divinité des accouchements, car c’est dans cette grotte que serait
tombé le cordon ombilical de Zeus – ce qui introduira le doute
dans l'esprit des Grecs continentaux, car tout le monde sait que le
nombril du monde se trouve à Delphes et que les Crétois sont
menteurs ! Si les personnages comptent s’y rendre, il leur faudra
se purifier selon les rites pour éviter une Intervention
défavorable. Les prêtresses n’ont jamais longuement côtoyé
Mnémia mais l’ont déjà laissée accéder à la caverne proche de
leur sanctuaire car elle était au fait des rites appropriés. Elles
savent en outre qu’Éruthros a eu des songes néfastes il y a
quelque temps, mais ne souhaitent pas trop en dire. Elles ne savent
pas pourquoi il en a réchappé. Elles n’ont jamais su pourquoi les
prédictions de famine ne se sont pas réalisées et s’attendent au
pire l’année prochaine (d'où leur nervosité et l'importance de
ces festivités), car, dans leurs propres divinations, elles ont vu
que les dieux étaient encore en colère !
Les personnages comprendront rapidement que seul
Éruthros sait vraiment ce qui se passe. Si on l’observe, celui-ci
semblera violemment secoué. Depuis son réveil, il est prostré dans
un coin, plongé dans un mutisme total, le regard vide. Si on le
questionne, il répète : « Je ne comprends pas, je ne
comprends pas… », puis, poussé à bout, finit par ajouter :
« Mais je… je lui ai donné ce qu’elle voulait… Les
dieux… Keladeine… ha… non ! » Puis il reprendra
temporairement ses esprits avant de sombrer définitivement dans la
démence : « Non, non... Il faut la retrouver. Je l’ai
vue pour… pour le bien du damos… Je lui ai demandé d’intercéder
auprès de son Père en faveur de nos blés et nos bêtes… et voici
qu’elle jette sur nous le malheur… » Soudain, il se jettera
sur les personnages en hurlant : « J’ai faim !
Donnez-moi à manger, par pitié ! » En effet, Éruthros
comprend que, malgré sa bonne volonté, sa part de marché n’a pas
été remplie : il doit donc mourir de faim prochainement. Il
devient complètement dément et ne cherche plus qu’à se nourrir.
Cet état ne fera qu’empirer, et il ira jusqu’à se nourrir de
chair humaine, quitte à s’automutiler s’il ne peut faire
autrement. Les personnages ne pourront pas faire grand-chose pour
lui, et il finira par trouver un mortel repos dans l’excès, qu’on
le prive de nourriture ou qu’on laisse libre cours à ses envies…
Aux personnages de prendre les choses en main avec
la bénédiction des heqetai présents, qui leur remettront toute
leur confiance sous le regard jaloux et apeuré de quelques jeunes
locaux envieux d’une telle opportunité de briller, ce qui
constitue une forme d’honneur et de récompense à leurs yeux.
Enfin, si les personnages pensent à conduire un oracle ou une
divination, ils devront faire un petit sacrifice à la bonne divinité
(c’est-à-dire n’importe laquelle, pourvu qu’on l’implore
sous une épiclèse familiale). Le personnage accomplissant le rituel
aura, moyennant un jet Héroïque, une vision atroce : Éruthros
est emmailloté de linges rouges animés de mouvements ondoyants dans
un panier qui vogue sur l’Amnisos (jet Héroïque pour remarquer
que c’est à contre-courant) ; son corps à moitié décomposé
est rongé par des vers, et sa bouche pousse des cris malsains de
nourrisson.
Sur la piste de celle qui chevrote dans les boisArmés de ces quelques informations, les
personnages devraient partir sur les indications d’Êéos et des
prêtresses en direction de la caverne. Le chemin devra être
effectué cette même nuit s’ils espèrent retrouver la piste de
Mnémia rapidement, les grosses averses intermittentes pouvant d’un
moment à l’autre effacer ses traces. Tirer des jets Héroïques en
résolution étendue (obstruction 12, un jet par heure) pour suivre
le chemin. Ils pourront utiliser les chiens d’Éruthros ou de
quelques bergers pour cela, ce qui leur donnera un avantage
considérable (+ 4 aux jets). Des cris de chouette, une pluie
fine et le craquement des branches d’arbres dans la nuit ajouteront
au stress des personnages, déjà fortement éprouvés par l’attaque
des chèvres… sans oublier cette désormais écœurante odeur de
fromage de chèvre fondu qui flotte dans l’air malgré le vent…
Après deux heures de route, ils rencontreront un
corps humanoïde allongé dont ils ne percevront que la silhouette.
Il semble que son bas-ventre et ses abdominaux aient été
complètement arrachés, mais, si l’on se penche, il respire encore
(jet Héroïque pour le remarquer). Des poils de chevreau recouvrent
sa peau, ses yeux sont ceux d’un bélier, des cornes ornent sa
tête. Il y a des traces de sang et de combat à l’entour. Tout à
coup, le cadavre se relève en hurlant cruellement, semblant
s’attaquer aux personnages. Il s’agit en réalité de Botrus le
satyre, un être fort sympathique et parfaitement déguisé avec des
boyaux de chèvres. Il cherche juste à faire peur aux personnages et
n’en viendra au combat que si ceux-ci réagissent violemment sans
chercher à parlementer.
Botrus, fils de Kairatos et d’une chèvre
assoiffée, hante les bois du coin et a été dérangé par Ékhinos
et Périaster. Ils l’ont agressé les premiers, dit-il
malicieusement, mais il les a mis en fuite rapidement, leur intimant
l’ordre de rentrer au damos. Il conseille aux personnages de faire
de même. Ce n’est que très récemment qu’il a rencontré
Artémis elle-même, dit-il, mais il en garde un mauvais souvenir.
Depuis, il est lié par un accord : il est chargé d'écarter
les mortels du site de sa baignade… ce qui lui laisse le temps de
courir après les Naïades sans toutefois parvenir à les rattraper !
Depuis, il « joue » donc avec elles, toutes sauf Mnémia,
également placée sous la protection d’Artémis de par sa
naissance. Il connaît bien Mnémia, puisque c’est sa demi-sœur,
et pourra révéler qu’elle est une Amnisiade.
Elle a énormément changé depuis quelque temps.
Il peut d’ailleurs affirmer qu’il l’a laissée tranquille
depuis qu’il a compris qu’elle était enceinte il y a un peu plus
d'une saison, et pense qu’elle a dû accoucher il y a peu : il
se souvient d’une nuit agitée, il y a quelques jours, où se sont
succédé les cris et les pleurs d’une femme. Le jour de la
naissance, leur père, Kairatos, dieu de la rivière, a pris une
surprenante couleur rosée… ce qui peut signifier qu’il s’agit
d’une petite fille. Il en connaît le père assurément, il s’agit
d’Éruthros, les chèvres royales le lui ont dit !
Si les personnages sont bons avec lui, il pourra
les remercier en leur apportant quelques soins. Il menacera les
personnages qui tenteront de s’en prendre à sa sœur et refusera
de l’affronter, ayant toujours eu de bons rapports avec elle et
craignant un peu les rencontres féminines depuis sa mésaventure
avec Artémis. D’ailleurs, il conseillera aux joueurs de ne pas
s’aventurer sur les rives de l’Amnisos avant d’avoir atteint la
caverne sacrée où ils devraient être en sécurité, mais
recommandera surtout de laisser faire les femmes en ces terres,
l’homme n’y étant que rarement le bienvenu.
Reprenant la route, sur les conseils de Botrus
(pour ne pas se perdre, il faut réussir un jet Commun), les
personnages devraient finir par arriver non loin de leur but. S’ils
se perdent en ratant l’un des deux jets ou s’écartent de leur
chemin volontairement, ils risquent de rejoindre les rives de
l’Amnisos et de tomber par hasard sur le lieu de la baignade. Des
pleurs de femmes pourront également les y conduire s’ils tendent
l’oreille et réussissent des jets Héroïques, mais cela peut les
conduire à leur perte puisqu’il s’agit des Naïades, qui
compatissent aux malheurs de leur sœur (jet Héroïque pour s’en
rendre compte). Les interrompre ou tenter de s’en approcher (pour
se rincer l’œil ? ça en vaut la peine !) provoque une
intervention très violente de Botrus et une intervention défavorable
Héroïque d’Artémis.
Si les personnages parviennent à conserver leur
route, ils passent devant un petit bâtiment et une clairière carrée
pleine d’autels, puis arrivent près de la caverne d’où sort une
légère fumée blanche et une rivière. Le niveau de l’eau semble
avoir baissé, au vu de la hauteur des berges. Des chèvres sont en
train de brouter quelques feuilles jaunies. Pour un œil expérimenté
(jet Héroïque), elles ne sont pas là par hasard : elles
gardent l’endroit qui semble se flétrir à vue d’œil. Un corps
flotte dans la rivière, à moitié agrippé à quelque tronc
d’arbre. Il s’agit d’Ékhinos, qui a été éventré d’un
coup de cornes… peut-être celles de Botrus ! Des traces de
sang mènent à la caverne d’où sort un chant mélodieux mêlé
aux bêlements d’animaux. Un jet Mythique permettra de découvrir
rien qu’au son que Mnémia appelle Kairatos, l’incitant à
stériliser les terres et les bêtes de la région en arguant que le
sacrifice de la chèvre n’a pas été effectué. Cela explique la
baisse du niveau de la rivière et le piètre état de l’endroit !
Si les personnages cherchent à investir
directement la caverne, les chèvres s’affoleront et alerteront
Mnémia. Ils découvriront alors à leur grande surprise Périaster,
mi-homme, mi-bête, sortant de la caverne afin de leur barrer la
route.
PÉRIASTEREspèce :
Humain
transformé (Crétois) Censure des Mots :
mâle 24 ans, heqetas Origine :
Amnisos
(Crète)Périaster, fils de chevrier et cousin d'Éruthros,
n’a pas été ensorcelé par Mnémia, mais par Artémis ! En
effet, alors qu'il partait chasser avec Éruthros et Ékhinos, ils
passèrent près du lieu de la baignade d’Artémis, un site sacré
exclusivement réservé aux femmes. Dieux merci et à son grand
regret, ils n’y ont pas croisé la déesse, mais cela a valu aux
deux garçons une Intervention défavorable. Artémis s’est déjà
vengée en faisant abattre le troupeau gardé par les deux amis.
Mais, en reprenant cette traque sur ces mêmes lieux, n’écoutant
pas l’avertissement de la déesse, les deux compagnons ont de
nouveau provoqué sa colère, qui a choisi cette fois de les punir en
faisant d’eux des monstres, boucs humanoïdes et particulièrement
agressifs. C’est lui qui, sous cette forme, a tué son ami, le
frère de son aimée, Êéos.
S’il survit, il pourra expliquer pourquoi
Artémis s’en est prise ainsi à Mnémia, à Éruthros, bref au
damos tout entier, et il défendra Êéos. S’il ne peut le faire,
Mnémia donnera toutes les explications : le songe d'Éruthros et la
rencontre avec Mnémia quand les chiens sont allés boire dans les
eaux de l’Amnisos, la mort de l'enfant emporté par Artémis,
l'abandon de Mnémia de tous et sa volonté d'assécher les récoltes
en recourant à son père Kairatos, ainsi que le fait que certains
villageois du damos ont dû être attirés par le site où jouent les
jeunes Naïades et ont logiquement subi la colère d’Artémis.
ATTRIBUTS :Aptitudes :
combat,
survie, veille, pistage, odoratAvantages :
heqetasVitalité :
12Équipement :
glaive, armure lourde avec casque et cimier noir, grande égide en
peau de chèvreOutils
naturels :
cornes
de bélier, sabots,
toison de chèvreSi les personnages ne font pas de bruit et entrent
discrètement dans la caverne (jet Héroïque), ils verront l’eau
rougir de plus en plus au fur et à mesure qu’ils remontent à la
source de la rivière. Si les personnages n’ont pas procédé à
des rituels expiatoires (des prières consacrées aux dieux) avant
d’entrer en ce lieu sacré, ils réveilleront leur colère et
déclencheront une Attention divine défavorable Héroïque de
Kairatos et Commune d’Ilithye.
Ils trouveront Périaster assoupi sur une
paillasse, ainsi que Mnémia entourée de chevreaux. Elle se lamente
devant des langes vides posés au niveau de la source de l’Amnisos
entourée de deux stalagmites anthropomorphes et couronnées de
fleurs. Mnémia procède à une cérémonie en appelant en vain à la
colère d’Ilithye, mais surtout de
Kairatos, lui demandant de venger sa fille et sa petite-fille. Du blé
brûle dans un coin, un chevreau noir a été sacrifié et son sang
coule dans la rivière. Elle n’arrête pas de citer le nom
d’Éruthros pour le maudire. On peut refaire un jet de Savoir pour
identifier le rituel, la difficulté tombant à Héroïque. Mnémia
ne se battra pas et racontera comment le marché s’est passé entre
elle et Éruthros. Si les personnages la raisonnent, elle ne mènera
pas son rituel à son terme et leur demandera de la juger selon
l’histoire désormais connue d’eux.
Conclusion : mange ta main, garde l’autre
pour demainAu terme de leur jugement et quelle qu’en soit
la teneur, pleine de haine ou de compassion selon qu’il lui sera
favorable ou non, elle dira aux Héros, les yeux pleins de larmes et
encore sous le choc :
« Perséphone m’est témoin que, toi aussi, tu
seras la cause de la perte d’un enfant. Cela aura de terribles
conséquences sur ton propre peuple et entraînera dans leur perte
deux puissantes villes grecques. Et d’autres enfants mourront à
leur tour. Comme moi, tu seras banni pour cela. » Il s’agit
du prochain Caprice du Destin, ainsi révélé au groupe. La fin du
scénario est ouverte : aux personnages de faire ce qu’ils
souhaitent de Mnémia, sachant que les heqetai d’Amnisos exigeront
les preuves de son exécution et qu’il faudra redoubler d’effort
pour calmer leur colère.
Ils peuvent la ramener au palais, mais les
réactions risquent d’être violentes ou incontrôlées, et le
meilleur moyen de la protéger serait de la confier aux prêtresses
de Rhéa en la cachant dans leur résidence, le petit sanctuaire près
de la caverne. L’exécuter sur place risque de mettre en colère
les dieux, puisque l’endroit est sacré (jet Commun pour y penser,
la conséquence est de tester toutes les Attentions divines
défavorables du groupe). La mise à mort doit donc être effectuée
sur une terre préalablement préparée (on peut par exemple imaginer
de labourer rituellement l'un des champs appartenant à Éruthros).
Le coup fatal n’aura cependant pas réellement lieu car, au moment
de l’impact, un éclair frappera le sol et l’intervention de Zeus
aveuglera et sonnera quelques instants l’ensemble des témoins de
la scène. Le temps de reprendre ses esprits, l’assemblée
constatera qu’une chèvre au duvet immaculé aura pris la place de
Mnémia.
Les personnages peuvent aussi la laisser donner
libre cours à sa vengeance, qui est déjà bien amorcée puisque les
eaux continueront à se faire rares pendant toute l’année,
prémices d’une terrible canicule estivale. Il reste certain que
Mnémia est plus à même vivante que morte de réparer les dégâts
commis : accomplir les rites appropriés pour assurer une année
riche en récoltes avec un été au temps clément. Enfin, si
Périaster revient vivant au village, il pourra laver l'honneur
d'Êéos. Dans sa grande clémence, la déesse lui rendra sa forme
humaine (mais il gardera un duvet blanc pour avoir profané le lieu,
vestige d’une Intervention divine défavorable d’Ilithye).
Quoi qu’il en soit, le retour au palais permettra d’apprendre une
autre triste nouvelle : Éruthros sera retrouvé mort à cause
de nombreuses hémorragies, s’étant finalement dévoré à moitié
lui-même. On ne s’oppose pas à la volonté des dieux.